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lecture L'hôtellerie, prochain défi de la Fille-Dieu
article de Marie-Paule Angel, journaliste
journal "La Gruyère" du 26 avril 2005

Fille-Dieu restauration de l'hôtellerie une flamme à raviver

Après l’église, une nouvelle grande étape de travaux se profile à l’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu, à Romont: la restauration de l’hôtellerie. Cette opération doit pouvoir répondre à une forte demande en matière d’accueil et de retraite. Autre défi: multiplier les membres de l’Association des amis.

GLÂNE Amis de la Fille-Dieu à Romont

Une flamme qu’il faut raviver

L’heure n’est pas à la démobilisation. L’œuvre de restauration de la Fille-Dieu, à Romont, n’est pas finie. Il va en effet falloir songer à rendre à l’hôtellerie sa vocation d’accueil et d’espace de retraite. L’Association des amis lance aussi un appel au recrutement de membres.
 

Après la rénovation des cellules, la prochaine étape qui attend Sœur Marie-Claire et sa communauté, c’est la restauration de l’hôtellerie

Quand on réalise l’ampleur de l’œuvre de restauration accomplie depuis la fondation de l’Association des amis de la Fille-Dieu, en 1987, on est impressionné. Et pas seulement à cause de l’importance des fonds engagés: 8,6 mio jusqu’à présent, dont 6 mio pour l’église (cette étape avait nécessité cinq ans de travaux, auxquels l’association contribua à hauteur de 4 mio).
L’entreprise frappe aussi par l’élan de solidarité de l’Association des amis de la Fille-Dieu, qui la porte depuis le commencement. A quelques jours de l’assemblée générale (ce samedi 30 avril 2005), le comité, la mère abbesse – Sœur Marie-Claire Pauchard – et l’architecte Tomas Mikulas ont tenu à faire le point autant qu’à rameuter les troupes.
«Avec l’église, une très grande étape s’est achevée, suivie de travaux moins spectaculaires. Mais il reste encore beaucoup à faire. L’Association des amis de la Fille-Dieu a plus que jamais son rôle à jouer», dit Michel Schmoutz, ancien syndic de Romont et président de la commission de construction.


«L’abbaye est un lieu de vie et de prière depuis plus de 700 ans. L’élan de générosité a été merveilleux jusqu’à présent. Il importe d’entretenir la flamme. Et pour cela, il faut avoir des projets.» Et de projets, l’association ne manque pas, chaque nouvelle restitution de pierres du passé mettant en évidence l’obsolescence des parties de l’abbaye qui n’ont pas encore pu être restaurées… «On navigue entre vision globale et étapes de travaux, selon les urgences et les fonds disponibles, en fonction aussi des priorités de la vie monacale», résume Tomas Mikulas.
Car il reste une grosse étape, qui n’est pas encore chiffrée ni planifiée, mais qui nécessitera un investissement presque aussi important que pour l’église. Il s’agit de l’hôtellerie, une volumineuse bâtisse qui, transformée en 1695, conserve encore de précieux éléments gothiques témoignant des origines médiévales du monastère, «sans parler de tout ce qu’on n’a pas encore découvert. C’est une perle enfouie qu’il va falloir remettre en valeur», commente Tomas Mikulas, qui confie que la restauration de la Fille-Dieu est un peu l’œuvre de sa vie.



Un havre de paix
En 1872, une hôtellerie à trois étages avait été construite dans les deux tiers de la nef de l’église, des locaux supprimés lors de restauration du sanctuaire. Le fermier de la Fille-Dieu et sa famille ont longtemps occupé le bâtiment avant la construction de leur nouvelle maison sur le domaine de l’abbaye.
Décapité, malmené, aménagé au gré la chance au fil du temps, le bâtiment de l’hôtellerie nécessitera des soins intensifs pour retrouver sa cohérence architecturale et esthétique, et surtout sa fonction d’accueil. L’association pourrait y trouver un espace pour ses assemblées générales qui, faute de place ailleurs, ont lieu dans l’église. Dans la foulée, la petite boutique de l’abbaye serait mise en valeur.
Plus important: l’abbaye serait alors en mesure de répondre à une demande de plus en plus forte de la part du monde extérieur, justifie Mère Marie-Claire. Traditionnellement, l’hôtellerie, dans une abbaye, est un lieu-source, un espace de silence, de recueillement, où les retraitants, quels qu’ils soient – familles des religieuses en visite, pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques, ou gens traversant une crise existentielle ou spirituelle – pourraient se reposer, le temps de prendre un recul salutaire.
En 1988, à une assemblée des Amis, l’évêque d’alors, Mgr Mamie, était venu parler de la soif de retraite de ceux qu’il appelait «les requérants d’absolu» ou «les émigrés d’eux-mêmes». Des gens à la recherche d’un havre de paix, vivifié par la foi et la sagesse des moniales, pour se reposer des vicissitudes du monde et, «reboussolés», reprendre la route…

Amis à multiplier
On a pu penser que, l’église ayant retrouvé sa splendeur, l’effort pouvait être relâché. On voit qu’il n’en est rien… En 2004, l’association, présidée par le conseiller aux Etats Urs Schwaller, comptait 1156 cotisants, plus les membres à vie. «Quand des amis décèdent, les relais ne se font pas systématiquement avec leurs descendants. Nous sommes aussi surpris de voir que bien des Romontois ignorent qu’ils peuvent devenir membres de l’association, moyennant une modeste cotisation», observe Michel Schmoutz, en espérant que l’appel sera entendu à l’aube d’une nouvelle et grande étape de travaux.

 

Des cellules toutes neuves
Plusieurs séries des travaux réalisés après l’étape de l’église ont concerné le quotidien des moniales, qui vivaient dans des conditions spartiates. La rénovation de la cuisine de l’abbaye n’était pas un luxe, pas plus que le réaménagement des cellules. Cette phase de travaux est aujourd’hui achevée.
Au second étage du cloître, cet espace n’a plus rien de commun avec l’antique dortoir où, jusque vers 1970, cloisons basses et rideaux faisaient office de séparations. Les réaménagements d’il y a trente ans, sommaires, avaient un peu amélioré les choses. Mais à la suite des interventions pas très heureuses sur le plancher sous la toiture, «la déformation de la charpente, de l’ordre de cinq centimètres sur la largeur du bâtiment, se constatait à l’œil nu sur les dessins des relevés», constate l’architecte Tomas Mikulas.
Au fil des années, on avait aussi «bricolé» ça et là des équipements sanitaires de fortune et l’isolation phonique des cellules, médiocre, n’était guère favorable au repos et à la préservation de la sphère privée des moniales. C’est dire la difficulté de la tâche pour les ouvriers. Mais le défi a été relevé. Les structures anciennes de 1726 ont été maintenues et consolidées. Sans agrandir l’espace, on a créé une série de douze «chambrettes», modernes, mais sobres et ergonomiques.
Autre étape, en cours de finition: le scriptorium, au premier étage du même bâtiment, sous les cellules des religieuses. Cette salle d’études spirituelles est, avec l’église et le chapitre, l’un des lieux majeurs de l’abbaye. Là aussi, il a fallu corriger les interventions du passé, escamoter des descentes de tuyaux, rajouter des caissons et des piliers, remettre en valeur une circulation latérale et faire entrer la lumière par des éléments de bibliothèque transparents. Un espace de vie qui occupe dorénavant sa place d’honneur. Restera encore à améliorer le réfectoire, puis le préau… Et l’hôtellerie, musique d’avenir.

«Travailler dans des pierres imprégnées d’histoire est une œuvre exaltante. Il faut avoir beaucoup de foi et de courage pour se lancer dans une telle aventure», conclut Tomas Mikulas à l’adresse des moniales qui, dépositaires de ce patrimoine et chargées de le transmettre aux générations futures, ont dû s’adapter à quinze ans de chantiers successifs en un lieu où la louange de Dieu et la prière sont ininterrompues depuis la fondation de l’abbaye, en 1268.

 

 

Marie-Paule Angel
26 avril 2005

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