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article de Marie-Paule Angel, journaliste
journal "La Gruyère" du 27 avril 2004

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GLÂNE Amis de la Fille-Dieu à Romont
Des cellules plus intimes

Les travaux de restitution-restauration du monastère de la Fille-Dieu suivent leur cours. Un nouveau chantier s’est ouvert qui doit doter les moniales de cellules adaptées aux exigences sanitaires du XXIe siècle.

 

«Nous ne sommes pas en prison, même si nous parlons de cellules!» sourit Sœur Marie-Claire Pauchard, mère abbesse de la Fille-Dieu à Romont. C’était samedi, à l’assemblée annuelle de l’Association des Amis de la Fille-Dieu. Présidée par le conseiller aux Etats Urs Schwaller, elle a réuni une centaine de membres. De cellule, on a parlé, puisque, comme l’a expliqué l’architecte Tomas Mikulas, les prochains travaux – lancés hier – consistent en la réalisation d’un groupe de douze espaces privés pour le quotidien des moniales. Elles disposeront d’une salle de bain avec douche et WC, d’un lit, d’une armoire et d’une table de nuit. Le tout sous la forme d’un mobilier intégré, conçu exprès pour ce type de «cellule» réduit à l’essentiel, mais préservant l’intimité des sœurs.

Occasion pour la mère abbesse d’évoquer l’évolution des mœurs dans un couvent où, depuis plus de 700 ans, on vit selon la règle de saint Benoît. Selon laquelle «tous les moines devaient dormir ensemble, dans un dortoir». Au Moyen Age, ce dortoir avait, en son centre, un assemblage de poteaux servant de portemanteaux. Les subdivisions sont apparues dès 1194. Et en 1866, le pape autorisa officiellement la création de cellules. Soit un espace restreint à usage d’un sommeil court (avec réveil à 3 h 25!). Et la mère abbesse de préciser que, au cours des trois abbatiats précédents, les moniales de la Fille-Dieu ont certes bénéficié de cellules respectant l’intimité de chacune, mais elles étaient «inconfortables, pas insonorisées et sans eau». Dans la foulée des nouveaux travaux, l’ingénieur Marc Genilloud a conclu à la nécessité de consolider les planchers.

L’assemblée a par ailleurs approuvé les comptes de l’association. (./..) Occasion de prendre l’envergure du soutien d’une association qui rayonne de manière européenne et multiconfessionnelle, comme l’a montré, entre autres membres disparus, l’hommage au prince Sadruddin Aga Kahn. Pour soutenir l’effort engagé, un concert public a lieu à l’abbaye dimanche 16 mai (15 h) avec le Chœur de la Glâne (dir. Marie-Hélène Dupard).

L’amitié, grâce de Dieu
Conformément à la coutume, l’assemblée s’est achevée par une conférence. Dom Victor Bourdeau, abbé de Notre-Dame de Tamié, une abbaye cistercienne près d’Albertville, en Savoie française, où vivent une trentaine de moines trappistes, et qui a été fondée en 1132, a parlé, en termes justes et profonds, de «l’amitié qui se construit» et dépasse clivages et différences. Dom Bourdeau a passé de nombreuses années au Congo et vécu la Rome de l’après concile (1962-65). Ses propos ont évoqué, dans les monastères, «le besoin d’équilibrer la règle du silence par des relations humaines de qualité». Un nouveau style de vie qui s’est instauré dans les communautés après le deuxième concile de Vatican.
Le père abbé a témoigné de cette amitié qui, après son absence d’Afrique durant plusieurs décennies, a continué à se manifester. Tout comme de «l’amitié» particulière qui, au-delà de la mort, s’était prolongée entre ses parents. Il a aussi parlé de l’amitié œcuménique dans la rencontre des convictions, croyances et cultures, ainsi que dans sa propre expérience, pour avoir passé tous ses étés dans une famille… protestante de La Chaux-de-Fonds. «Seule l’amitié entre les êtres humains peut construire une vraie unité» dans ce monde de violence, où l’autre est perçu comme un ennemi, a conclu Dom Bourdeau, réchappé de guerres fratricides ou génocides, de l’ex-Zaïre au Rwanda en feu. Car «Dieu se sert de l’amitié humaine pour amener les cœurs à la source de la charité divine». Pas toujours évident, à l’aune d’une actualité internationale sanglante. Mais lueur d’espérance «raisonnable». Dom Bourdeau en est convaincu. Cette grâce divine, l’amitié, peut triompher de la haine.
 

 

Marie-Paule Angel
27 avril 2004

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